Ils sont plusieurs centaines de sonneurs à avoir attendu. Dimanche soir, lundi… En vain. Paul Emyque, l’internaute qui ravit chaque année le web de ses commentaires acerbes en marge du championnat des bagadoù est resté muet. Et c’est enfin ce mercredi que les premières images sont apparues, avec une surprise pour le moins étonnante.
Cela faisait quatre ans que les sonneurs l’attendait. Dimanche 14 février, Paul Emyque a profité de la Saint-Valentin pour quitter (enfin), le temps d’une prestation remarquée, l’anonymat du fauteuil depuis lequel il toisait confortablement certains ensembles depuis 2012. Pour s’essayer à la musique de bagad. Avec Brieg, qui jusqu’alors lui avait permis de déverser beaucoup d’encre. Et il a presque aimé. Entretien.
> Pourquoi avoir choisi le bagad Brieg pour vos premiers pas en bagad ?
« En les égratignant après chaque concours, et sans les connaître, je me sentais finalement assez proche d’eux. Et puis, si je ne supporte pas leur art de la dérision et leur façon de détricoter le trad’, je reconnais que j’avais une vraie attirance pour les bidons. »
> Ne craignez-vous pas cette sortie de l’anonymat ?
« L’anonymat commençait à devenir pesant. Je voulais être reconnu pour ce que je savais faire, pas pour ce que je suis : Brieg m’en donne la chance. »
> Quelles sensations avez-vous ressenti au moment où le rideau s’est levé dimanche ?
« Je me suis dit : « pourvu que personne n’ait l’idée de filmer la prestation et de donner son avis ensuite… »
Paul Emyque, lors de la prestation du bagad Brieg.
> Et Brieg, c’est comment ?
« Je n’ai jamais vraiment apprécié leur musique. Et vu les notes d’ensemble obtenues dimanche, je suis heureux de voir que je ne suis pas le seul. Le plus compliqué, c’est de me forcer à suivre leurs coutumes étranges (hurler « Vive le Roi » quand ça leur chante, décorer leur car d’un maximum de saucissons (NDLR, plus d’une cinquantaine cette année),… Allez savoir pourquoi, j’ai échappé à leur cérémonie des baptêmes pour introniser officiellement les nouveaux briécois »
> A-t-on des chances de vous voir à Lorient, pour la finale du championnat ?
« J’espère oui. En 2015, j’avais déjà fait partie du voyage au Moustoir, j’avais préparé le programme avec le bagad mais on m’a laissé dans la soute du car. Avec le recul, je me dis que c’est de bonne guerre. Les sonneurs m’ont sorti au moment de l’apéro, j’étais forcément un peu déçu mais j’ai pu mesurer l’affection que le milieu des bagadoù me portait. Je dois avoir une cinquantaine de selfies à la maison de ce moment, c’est chouette. »
> Continuerez vous à publier et commenter des vidéos malgré tout ?
« Je pense pouvoir faire encore plus fort que des vidéos factuelles commentées. Pourquoi pas avec un documentaire en immersion…Je me laisse le temps. »
Paul Emyque (à droite) en compagnie de son fidèle ami Jean-Chri Tic (à gauche) lors d’une séance mémorable de selfies (ici avec Pépette 1er, Roi de Cornouaille).
Enfin ! Il était temps : je vais me coucher serein…